Retour à Noiraigue

Hors de question de repartir de Suisse sans avoir fait la randonnée le long de la rivière l’Areuse. Elle coule dans la vallée de Travers, en contre-bas du Creux du Van où nous étions il y a deux jours. Nous voilà donc de retour à Noiraigue. Le point de départ reste le même, mais la balade va raconter une toute autre histoire, non moins belle! Dès le départ, nous sommes immergés dans d’impressionnantes gorges. Un endroit hors du temps rempli de magie, où nous avons eu la chance d’être quasi seuls. Nous imaginons bien qu’en haute saison et le week-end, ce sentier doit être très fréquenté. Le parcours suit le cours d’eau, alternant dénivelés, passerelles, escaliers et ponts, nous faisant passer de rive en rive. Les couleurs et la lumière de cet automne embellissent le paysage. Même si le trajet en ligne droite peu sembler long, on ne se lasse de rien, chaque recoin nous émerveille. Le chemin débouche sur la ville de Bôle, à onze kilomètres du départ, nous offrant au soleil couchant une vue magnifique sur le lac de Neuchâtel et les Alpes au loin, sur fond de ciel rosé. Et pour clore cette randonnée, un retour particulier, puisqu’il se fait en train! Magie des synchronicités: au moment pile où les titres de transport sortent de la machine, la rame arrive à quai. Quinze minutes de repos salvateur à la tombée de la nuit, avant de retrouver Joe à proximité de la gare.
Se laisser surprendre

Souvent, nous avons idée du déroulement de la journée: nous choisissons un endroit pour dormir et nous repérons les chemins de randonnées que l’on souhaite arpenter. Mais il arrive parfois que nos plans n’aboutissent pas. C’est ainsi qu’au petit matin, nous avons ouvert les rideaux sur un épais brouillard. Place à l’imprévu Notre projet de petit déjeuner avec vue est tombé à l’eau, à la minute où les « plic ploc » de la pluie sur le toit de Joe nous ont sortis de notre sommeil. Il n’est plus question de balade au sommet, ni même de partir plus à l’est, nous éloignant trop de notre itinéraire. Et puis c’est l’heure de chercher un point d’eau et de recharger la cuve, dont le niveau est au plus bas. À nous de nous adapter et de tout réinventer! Après avoir passé la matinée dans notre cocon le temps que l’averse cesse, tartines et café avalés, article écrit et tâches ménagères accomplies, nous avons repris la route vers la vallée. Nous décidons d’y rester pour la journée. En attendant l’accalmie, ça sera l’occasion de se poser pour bricoler, écrire, flâner. La jolie surprise La brume est restée accrochée dans les montagnes, mais en bas, la lumière revient déjà. Nous nous mettons à la recherche d’un emplacement pour nous installer. Jusqu’à tomber au détour d’un chemin sur une petit emplacement recouvert d’un tapis de feuilles dorées, caché au milieu d’un bosquet. L’endroit idéal pour passer un moment au calme, à l’abri des regards et à l’écart de la ville en contre-bas. Quel plaisir de pouvoir se reposer, avant de partir en balade improvisée le long de la forêt à quelques pas de là. La déconvenue du matin s’est transformée en opportunité. Il est bon aussi parfois de réduire la cadence. Résultat: nous nous y sommes sentis si bien, que nous avons choisi de prolonger encore jusqu’au lendemain! Au programme, séance de yoga en plein air et bricolage pour peaufiner le meuble de rangement fabriqué avant le départ. Et finalement, nous avons passés d’excellents moments.
Au Creux du Van

Une fois le petit déjeuner pris, le plein de gasoil fait et le pain acheté pour la journée, nous rejoignons la Suisse pour la suite de notre périple. C’est sur une étroite route, slalomant au milieu de la forêt, que nous passerons la douane. Notre but: rejoindre Noiraigue (canton de Neuchâtel), petite ville au pied du Creux du Van, site sur lequel nous avons jeté notre dévolu pour aujourd’hui. Nous y trouvons un parking au départ du parcours sur lequel nous prévoyons de randonner après le déjeuner. La récompense Nous voilà partis d’une allure sportive. Un démarrage pas évident s’annonce, des promeneurs sur le retour nous avaient prévenu: la montée, bien raide, n’en finit pas! On scrute le sommet à chaque tournant, espérant atteindre enfin le haut. Chaque pas compte, mais au virage suivant, le chemin s’étend à nouveau devant nous. Notre motivation : le cadeau qui nous attend à l’arrivée. Cette heure d’effort mêlera nos respirations saccadées, nos regards de compassion et nos mots d’encouragement, le repérage des balises et les quelques saluts aux promeneurs croisés. Après une bonne heure d’effort, nous sortons de la forêt, à 1464 m d’altitude. Le souffle coupé, mais cette fois par le spectacle que nous offre la vue au sommet: un amphithéâtre naturel de roche calcaire. Gigantesque, vertigineux, émouvant: ce sont les mots qui résument notre ressenti à cet instant là. Une pause s’impose Le plus dur est fait, il est temps de profiter de la vue et d’avancer sur le plateau du Soliat pour y découvrir tous ses détails. Nous y rencontrerons deux photographes passionnés nous faisant signe de nous approcher. Un bouquetin grimpait le long de la paroi, juste à nos pieds! Celui-ci nous a fait l’honneur, tel une statue, d’une pause propice à la photo. Nous mesurons notre chance, il s’agit de la seul harde de bouquetins du Jura. Une belle rencontre entre l’humain, l’animal et la nature, dans un respect mutuel. Nous arpentons ce site magnifique, longeant le mur de pierres sèches érigé en guise de protection face au vide. C’est l’heure d’or pour le soleil, le moment parfait où la lumière rasante sublime le panorama qui s’offre à nous, avec en fond, les massifs du Jura et des Alpes. Nous reprenons le chemin en terminant la boucle d’une démarche soutenue malgré la fatigue. Ce n’est pas le moment de ralentir la cadence: le temps est compté par la nuit tombante. Nous retrouvons avec soulagement Joe, qui nous attend sagement tout en bas. Quel plaisir de retrouver notre van, de pouvoir se changer, se laver, et se poser un instant au chaud, dans notre petit chez nous, après cette magnifique balade. Après l’effort, la faim se fait vite ressentir et nous rêvons d’un plat qui saura récompenser nos kilomètres d’efforts. C’est tout décidé: nous nous mettons à la recherche d’une fondue suisse pour le diner. Direction Neuchâtel C’est à Neuchâtel, à une trentaine de minutes de là, que nous trouvons notre bonheur. Sur le papier, un restaurant traditionnel, situé aux abords d’un parc. A l’arrivée, une bâtisse au fond du parking, et une porte rouge éclairée qui se détache dans l’obscurité. Celle-ci poussée, nous nous retrouvons dans l’embarras d’un sas d’entrée lugubre et sans accueil. Le bruit étouffé des conversations nous parvient de derrière l’une des portes fermées, ponctuées par le cliquetis des couverts en action. Ambiance digne d’un restaurant clandestin! Signes d’étonnement et regards échangés… « Que fait-on, est-ce ici l’entrée? » Allez, une respiration et on ouvre la porte avec timidité et curiosité. Nous entrons au milieu d’une salle bondée, les personnes attablées tournant le regard sur nous. L’hôte nous accueille avec un grand sourire et nous installe sur la dernière table disponible. Au menu, une fondue aux deux fromages (Gruyère Suisse et Vacherin d’Alpage), et un verre de Chasselas, vin blanc de la région… le tout très locavore, comme nous aimons! Le ventre rassasié et 400 g de délice plus tard, il est temps de rejoindre notre spot pour la nuit. Ce sera sur les hauteurs du lac, en pleine forêt; avec l’espoir de découvrir la vue au réveil. Tentez l’expérience : Pinte de Pierre-à-Bot, Route de Pierre-à-Bot 106, 2000 Neuchâtel, Switzerland+41 32 725 33 80